Depuis toujours, rap et cinéma sont étroitement liés. Plusieurs biographies d’artistes ont déjà été diffusées sur nos écrans (Travis Scott: Look Mom I Can Fly, Notorious B.I.G. …) et il n’est pas rare de voir certains rappeurs se transformer en acteur le temps d’un film ( Eminem sur 8 Mile, Sneazzy sur La source…).
Aujourd’hui, nous allons étudier en long et en large 4 films ayant grandement inspiré le rap, de par les phrases cultes, les tenues vestimentaires ou encore les ambiances.
1. The wire (2002)
Pour cette première œuvre cinématographique il ne s’agit pas d’un film mais d’une série: The wire. Constituée de 5 saisons, sorties de 2002 à 2008, chacune d’entre elles traitent d’un thème précis (drogues, corruptions…).
Les personnages sont multiples, notamment Omar, l’un des principaux du film: en effet celui à l’habitude d’arriver sur un lieu en sifflant, PLK y fait donc écho dans le morceau éponyme au personnage (“j’arrive en sifflant comme Omar”).
Freeze Corleone a de son côté cité les personnages Stringer Bell et Barksdale Avon, deux vendeurs de drogues rusés collaborant ensemble pour faire de l’argent: “Matrixé par The Wire, opère comme Stringer Bell et Barksdale Avon” (7 sur 7).
Le rappeur Bakari aura de plus repris l’une des images cultes du film pour la pochette de son troisième projet: Sur écoute: saison 1 (vous l’aurez deviné, le titre est aussi une référence à la série).
2. La cité de dieu (2002)
Réalisé par Fernando Meirelles et Kátia Lund, le film est une adaptation du roman éponyme de Paulo Lins paru en 1997. Ce film retrace l’histoire d’un quartier violent de Rio de Janeiro, “la cité de dieu” de la fin des années 60 jusque dans les années 70.
Le narrateur et personnage principal, Buscapé, un enfant issu de ce quartier sensible, veut lui devenir photographe. Ainsi il devient aussi bien spectateur qu’acteur des aléas mouvementant ce quartier, entre trafics de drogues, gangs et meurtres.
Les références dans le rap tirées de ce film sont multiples avec tout d’abord Buscapé, le personnage principal du film qui donnera par la suite son nom au média français urbain.
On notera de plus des références au personnage violent Zé Pequeno chez Ninho, SCH et Mister You ainsi que des allusions à Béné, un autre personnage du film, notamment chez PNL avec leur titre éponyme à celui-ci.
Manu le coq, autre protagoniste du film a lui aussi eu le droit à plusieurs citations, par exemple chez Booba (“Les keufs te soulèveront à six o’clock, j’reviens en mode Manu Le Coq”, Walabok) ou encore chez Jul (“J’ai trop la haine comme Manu Le Coq”, Écoute ça).
3. La haine (1995)
Paru en 1995, La Haine est un film dramatique français réalisé par Mathieu Kassovitz retraçant les péripéties de 3 personnages: Saïd, Vinz et Hubert, des habitants du quartier de Noë, une cité secouée après une nuit d’émeutes entre des résidents du quartier et la police.
Étant un film français, la majorité des références sont tirées du rap francophone.
La punchline la plus évidente n’est sans aucun doute celle tirée du titre, La Haine, notamment chez Caballero (« Roi Lion, j’me nourris d’gazelles (hey), t’as la haine comme Cassel« , Fons) ou encore chez SDM, ce dernier faisant référence à l’une des scènes cultes du film: “Eh, la haine dans l’miroir, j’suis comme Cassel” (Bonne journée).
La deuxième source d’inspiration de ce film pour les artistes est la phrase cinglante d’Hubert, l’un des personnages du film que voici:
“ C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de cinquante étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien. Mais l’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage. “
On y retrouve des références par exemple chez Lefa (“Mais l’pire c’est pas la chute : c’est l’atterrissage, La té-véri s’achète pas, c’est c’que dit le sage”, 22H45) ou encore chez Booba qui a nommé l’un de ses morceaux « Jusqu’ici tout va bien” (présent sur l’album « Temps Mort »).
4. Scarface (1983)
Inspiré partiellement de la vie d’Al Capone, le film retrace l’ascension fulgurante d’un malfaiteur cubain répondant au nom de Tony Montana qui va au fil de l’histoire grimper les échelons jusqu’à devenir un baron de la drogue.
En plus de parler du trafic de drogue qui ravageait les USA durant les années 80, ce thriller traite aussi de la folie humaine puisque ce gain rapide d’argent va rendre Tony Montana mégalomane jusqu’à lui faire perdre pied.
Au niveau des influences dans le rap on notera l’envie de tout posséder de Tony Montana, qui donnera naissance à plusieurs répliques: “J’ai des mains faites pour l’or et elles sont dans la merde”, ou encore cet échange aujourd’hui culte entre Tony Montana et Manny, son acolyte:
“ – Toi tu peux apprendre, moi je veux posséder ce qui me revient.
– Et qu’est ce qui te revient à toi Tony ?
– Le monde, Chico. Et tout ce qu’il y a dedans.”
Cela donnera naissance à plusieurs titres d’albums, notamment “Le monde chico” de PNL ou encore “Les mains faites pour l’or” de Naps.
L’influence de ce film est aussi visuel avec notamment la cover de “Whole Lotta Red” (2020) de Playboi Carti qui se trouve être largement inspiré de l’affiche du film.
Booba à pour sa part consacré un clip entier à ce film, le fameux morceau “PGP”. L’attitude, les décors, les ressemblances sont frappantes.