93 MESURES, LE CONSTAT MÉLANCOLIQUE D’UNE PAIX INTÉRIEURE

93 MESURES, LE CONSTAT MÉLANCOLIQUE D’UNE PAIX INTÉRIEURE

Ce morceau initialement nommé Confessions d’un enfant du siècle, est un véritable poème dans lequel Dinos confesse et traite plusieurs thèmes tels que l’amour. Dans 93 mesures, on ressent une véritable évolution liée à la maturité que Jules a gagné au fil des années ainsi qu’une réelle tristesse et une sublime mélancolie. Il commence le morceau en reprenant un thème qui lui est commun tout au long de l’album, celui du maraboutage et par extension celui de la religion par une phrase qu’il continue ensuite de la plus belle des façons :

« J’peux pas aller chez l’bout-mara parce que j’ai peur du ciel
J’peux pas aller chez l’psy parce que j’suis un mec de tess
J’ai plein d’principes stupides que j’dois respecter
Quand on m’demande pourquoi, j’réponds : « parce que c’est comme ça au quartier »

Dinos dans ce morceau dénonce également les violences policières ainsi que cette hypocrisie que l’on peut retrouver au sein du gouvernement qui fixe des lois qu’il ne respecte pas lui-même. De plus il fait deux fois référence à ses origines africaines, il parle de sorcellerie ce qui ramène au thème du maraboutage et de la foi.

On peut noter que la phrase « J’peux pas aller chez l’psy parce que j’suis un mec de tess » renvoie à ce qu’il dit dans le morceau Mack le Bizz Freestyle (présent dans l’album Taciturne): « On vient du 9.3. on va ni chez les chtars, ni chez les psys ». Le rap est son exutoire, il n’a donc pas d’intérêt à aller chez le psy.

Dans ce morceau, l’évolution et la tristesse de Dinos s’épousent pour donner vie à un sublime texte. Ce dernier est plein de leçons de vie et on ressent que Jules a acquis une grande maturité de par ce qu’il a vécu. De plus, on ressent cette évolution lorsqu’il (et pas pour la première fois dans cet album) remet en question sa foi et la religion :

« Avant, j’croyais qu’j’priais puis, j’ai grandi et j’ai compris que tout c’que j’fais, c’est réciter des phrases que j’ai appris par cœur »

« Tous les jours, j’pèche et j’m’enfonce vers le bas
J’crois en Dieu mais j’sais pas si lui il croit encore en moi
J’dis « lui » mais si ça s’trouve, c’est une femme
Si ça s’trouve, c’est une vague, si ça s’trouve, c’est une âme
Tant d’choses à dire mais j’sais pas à qui les dire
Parfois, j’aimerais partir mais c’est interdit de fuir »

Dans 93 mesures, la tristesse que ressent Dinos à certains instants n’est pas forcément mauvaise car elle lui a permis de gagner en maturité. Malgré sa vision pessimiste de l’amour dans le début du texte :

« J’deviens fou, j’vois des gens heureux partout
Soit l’amour c’est pas pour moi, soit j’suis pas fait pour l’amour »

Dinos continue tout de même de croire en ce sentiment, par exemple lorsqu’il imagine la tête qu’aura son enfant, un enfant qu’il aura avec une fille qui lui redonne foi en l’amour dont il parle dans le morceau. À noter que cette phase contient une sublime litote qui est : « Mais on l’saura jamais parce qu’on va l’renvoyer au ciel, il navigue sans Visa », en effet, ici, cette subtile figure de style désigne en réalité un avortement. La fine plume de Dinos dans ce morceau lui permet d’exprimer ses émotions ainsi que ses sentiments de la plus belle des manières. Ce texte marque une faille entre « le Dinos d’Imany », un Dinos insouciant (par ailleurs, Imany désigne la foi, une foi qu’il perd en partie dans Stamina,) et un Dinos devenu adulte qui arrive à rire comme un homme, s’amuser comme un homme et pleurer comme un homme.

Dinos est conscient de son passé et de son histoire, il est conscient d’une réalité, d’un conditionnement et il est comme libéré de tout ce parcours humain. Il est en paix avec lui-même, avec tout ce qu’il a pu vivre, ce qui a pu le mettre en colère, cette tristesse et ses peines ainsi que ses blessures. Il est en paix, ce qui donne au texte, une image de biographie. On voit dans ce texte que malgré les blessures, les combats, il ne refoule rien, il accepte, c’est ce qu’il a construit ; Au final, accepter c’est être en paix avec son histoire ainsi qu’avec le présent. On peut donc dire que Dinos est en paix avec lui-même.

Il est important de noter que la mélodie au piano de Sofiane Pamart rend la chanson magnifique et la mélancolie que l’on ressent en écoutant ce morceau est d’une sublime beauté.

Ce morceau s’inscrit déjà sans aucun doute comme un classique du rap français grâce à une maturité entouré d’une mélancolie à laquelle tout le monde peut s’identifier.

Jules Marfing

For every dark night, there is a brighter day.

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