
L’ÉMERGENCE DE LA SCÈNE RAP ANTILLAISE
Kalash, Kodes, Timal, Joey Starr ou encore Doc Gynéco, tous sont originaires des Antilles, qui sont pour la plupart des gros noms du rap français, désormais tous installés en France, depuis plusieurs années. Mais depuis quelques temps, de nombreux rappeurs ou rappeuses d’outre mer locaux commencent à éclore que ce soit en Guadeloupe ou encore en Martinique. Malgré le fait que le rap antillais sois peu mis en avant par la majorité des médias. Les connexions entre rappeurs métropolitains et d’outres mers sont de plus en plus nombreuses. De plus plusieurs rappeurs n’hésitent pas à réaliser leur clip aux Antilles, par exemple, tout récemment le nouveau clip de Gazo « Hennessy » a été tourné à Haiti.
L’influence de la Trap Music
L’influence de la trap d’Atlanta a eu un réel impact sur le territoire d’outre mer. En effet la plupart des rappeurs antillais adoptent le même style que leur collègues américains, grosse liasse, chaîne en or ou encore armes à feu, qui peut se voir à travers leurs clips.
Beaucoup d’entre eux ont écouté ou ont été influencé par des artistes comme Gucci Mane, Chief Keef, ou encore Waka Flocka Flame.
C’est le cas par exemple du rappeur martiniquais Evil P, qui a fait un projet entièrement Trap sous la forme d’une mixtape sortie en 2019, où l’on ressent clairement l’influence de la trap d’Atlanta, notamment avec son morceau « Dix » ou « Henny».
Dans le même style, on peut également citer le guadeloupéen Mata qui peut poser sur de la trap ou encore sur de la drill avec son morceau « Business rentable » qui est son titre le plus visionné.
Sans oublier également le fameux posse cut « Bienvenue aux Antilles » où le rappeur guadeloupéen Jozii, invita de nombreux rappeurs antillais afin de kicker sur le morceau qui dure plus de 7 minutes !
Si la plupart des clips sont majoritairement violent et les paroles assez crus, cela peut s’expliquer du fait que beaucoup d’artistes antillais se sont servis du rap afin de raconter ce qu’ils vivaient au quotidien, comme par exemple la violence dans les quartiers, ou la guerre des gangs dans certains territoires d’outre mer.
Le but n’est donc pas de faire l’apologie de la violence des armes et de la drogue, mais bien de montrer la réalité et ce qu’ils vivent malheureusement au quotidien afin de montrer que la vie est très loin d’être facile là-bas.
Le rappeur Tency, originaire de la Guadeloupe avait évoqué ce sujet là, lors d’une interview pour le média « Alohanews ». Ce dernier raconta que la violence est omniprésente aux Antilles, et qu’il y a énormément de mortalité là bas, en ajoutant que pour un rien beaucoup de gens meurt.
L’exportation vers la France
Si aujourd’hui, on compte une immense scène local pour la plupart des rappeur antillais, certains n’ont hésité à s’exporter vers la France pour avoir plus de visibilité, même si ça n’a pas toujours été facile. L’une des premières têtes d’affiches du territoire d’outre-mer, reste bien évidemment Kalash.
En effet, le natif de la Martinique, commence par se lancer dans le dance hall au début des années 2010, puis s’oriente finalement dans la trap vers 2015, tout en gardant des sonorités dansantes et chantés.
Comme Kalash, Tiitof fait lui aussi parti des grosses têtes d’affiche de la scène antillaise, et lui aussi a su s’exporter en France et trouver son public, notamment grâce à son tube « Toujours dans le bloc » sorti en 2020.
Même si son public ne connaît pas vraiment le créole ou encore la culture antillaise, cela ne lui empêche pas d’avoir un public très fidèle et qui apprécie ses morceaux.
Enfin, sans oublier Meryl la dernière grande tête d’affiche, qui a énormément apporté pour le rap antillais.
Une des rares artistes féminines à avoir un immense succès, que ce soit en France ou en Martinique dont elle est origine.
Meryl reste sans aucun doute, l’artiste qui a mis le plus en avant plein de jeunes rappeurs antillais, que ce soit à travers ses feats, mais surtout lors de son Planète Rap chez Skyrock, pour la promotion de son album « Jour avant caviar » en 2020.
Lors de l’émission qui dura toute la semaine, la rappeuse martiniquaise a pu inviter de nombreux rappeurs antillais, qui étaient pour la plupart de jeunes artistes, comme par exemple Mata ou Evil P. Meryl a pu donc donner une énorme visibilité à ces rappeurs qui sont très peu écoutés en France, et donc ainsi mettre plus en avant le rap antillais.
Conclusion
Si le rap antillais est très peu mis en avant en France, toute une scène locale est en train d’émerger au sein du rap antillais, que ce soit en Guadeloupe, Martinique ou en Guyane. Cela peut s’expliquer du fait, que pour les rappeurs venants d’outre mer, il est plus difficile de se faire connaître en Métropole car la musicalité et les codes ne son pas les mêmes qu’en France. Le rap et plus largement la musique a pu véritablement changé les Antilles, par exemple Kalash, grâce à sa grande notoriété a permis le développement de Spotify qui n’était pas disponible sur tout le territoire antillais pendant très longtemps. Cela montre malheureusement les inégalités entre la France métropolitaine et les territoires d’outre mer, et que la culture antillaise n’est pas assez reconnue.
Enfin de nombreux featurings se font de plus en plus entre la France Métropolitaine et les DROM-COM, comme par exemple la toute récente connexion entre les 2 rappeurs du 667 Doc OVG et Kaki Santana avec Lé Wil et Deuspe sur le son « Ekip », sorti en début d’année.