Sorti en début décembre, le réalisateur Rachid Bouchareb revient sur les faits tragiques qui sont arrivés à Malik Oussekine, jeune étudiant et Abdel Benyahia, tout les deux abattus par la police dans la nuit du 5 décembre 1986.

« Pour nos frangins qui tombent » le titre du film est d’abord un énorme clin d’oeil à la chanson de Renaud « Petite », qui fait référence à la mort du jeune Malik et Abdel. Présenté dans la sélection « Cannes Premières » au festival de Cannes 2022, Rachid Bouchareb évoque 2 évènements douloureux et marquant en France. D’abord celle de la mort de Malik Oussekine puis celle d’Abdel Benyahia qui a été très peu médiatisé. Le film nous emmène dans un contexte bien précis, celui de la loi Devaquet, où de nombreux étudiants manifestent dans toute la France contre cette loi, qui voulaient rendre les universités plus sélectifs afin de les mettre en concurrence en 1986.

La dénonciation des violences policières

Si la mort du jeune Abdel Benyahia fut peu médiatisée, le film revient sur une des affaires de violences policières les plus marquantes celle de Malik Oussekine. En effet, le film a non seulement pour but de raconter les faits historiques qui se sont déroulés mais aussi une manière de dénoncés les bavures policières. L’affaire Malik Oussekine provoqua d’énormes polémiques et controverses dans toute la France.

Cette affaire de violence policière rappelle également celle de Rodney King qui se passe 5 ans plus tard en 1991 à Los Angeles. Elle fut celle d’un Afro-Américain battu de plusieurs coups de matraques par plusieurs policiers, une affaire qui fut classé sans suite, où les policiers seront acquittés et qui provoquera de lourdes émeutes violentes en 1992. Comme l’affaire Rodney King, les voltigeurs ayant abattus à mort le jeune Malik n’écoperont que d’un simple sursis. Ce qui donna suite à de grandes manifestations et une grande marche silencieuse dans Paris afin de lui rendre hommage. 

Le film s’inscrit donc dans la continuité des autres œuvres cinématographiques de Rachid Bouchareb. En effet, ce dernier a rappelé dans une interview donné à Konbini, que le film « Indigènes » portait sur la génération des grands-parents, « Hors-la loi » sur celle des parents, puis « Nos frangins » sur les enfants. Ces trois films donnent alors une saga qui traite du statut des soldats magrehbins pendant la Seconde Guerre Mondiale, la décolonisation puis des violences policières en dénonçant tout du long la politique de la France du 20^e siècle

Un évènement qui a marqué le rap français

L’affaire Malik fut un grand tournant pour la France entière, beaucoup se sentirent touchés après la mort de Malik Oussekine. Beaucoup d’artistes lui rendent hommage en chanson, mais cet évènement choque particulièrement les rappeurs. La première fois que son nom est évoqué c’est dans le morceau « L’état assassine » du groupe Assassin sortie en 1995 pour la bande originale du film « La Haine ». Le rappeur Rockin’ Squat fait référence à toutes les plus grandes bavures policières orchestrés par l’état français en citant comme exemple l’affaire Malik Oussekine.

« Un exemple Malik Oussekine, Makomé en a été victime, à deux doigts Rodney King, paix à toutes les victimes » (Assassin, « L’état assassine », 1995 )

3 ans plus tard, c’est Kery James avec son groupe Idéal J dans le morceau « Hardcore » qui évoque encore cette affaire.

« Hardcore fut le décès de Malik Oussekine » (Idéal J, « Hardcore », 1998)

Une des chansons les plus poignantes et engagés de l’ex rappeur de la Mafia K1 Fry.

En 2007, le rappeur Eloquence et Apôtre H sortiront « Indigènes » sur la compilation « Ecoute la rue Marianne ». Un morceau qui dénonce les comportements irrationnels de la police mais aussi de la justice qui n’est pas rendu aux victimes.

«  Demande à Malik Oussekine si nos droits sont biens réels » (Eloquence feat Apôtre H, « Indigènes », 2007 )

Conclusion

Le double meurtre commis dans la nuit du 5 décembre 1986, a été un gros choc pour toute la société française. Le nouveau film de Rachid Bouchareb a non seulement un but de mémoire afin de rendre hommage aux victimes, mais surtout de raconter en détail ce qu’il s’est passé afin de faire connaître l’histoire aux plus jeunes ou ceux qui n’en n’ont pas entendu parler

Cette oeuvre cinématographique mérite amplement d’être vu afin de mieux connaître l’histoire et les circonstances dans lesquelles ces jeunes sont décédés par la police.