
INTERVIEW : JAIA ROSE NOUS DEVOILE SA SECRET STORY
Après « JOUR J« , Jaïa Rose est de retour avec une mixtape « Secret Story of Jaïa« , nous avons pu nous entretenir avec elle à cette occasion.

Hello Jaïa, bienvenue à toi et merci d’être présente aujourd’hui pour cette interview Scopemag, comment tu vas ?
Ça va merci.
Alors pour les gens qui ne te connaîtraient pas encore et qui te découvriront peut-être avec cette interview, peux-tu nous dire avec tes propres mots, c’est qui Jaïa Rose ?
Alors, je suis chanteuse de R&B aux influences Pop et Hip hop, je suis basée sur Bordeaux, j’ai 25 ans et je viens de sortir une mixtape qui s’appelle « Secret Story of Jaïa ».
Tu viens de sortir ton 3ème projet, une mixtape après avoir sorti 2 EP auparavant, comment tu te sens par rapport à la première fois ? C’est toujours autant stressant ou tu commences à t’habituer ?
Non en vrai, c’est toujours aussi stressant, c’est entre le stress et l’excitation.
Ta nouvelle mixtape s’intitule « Secret story of Jaïa« , tu peux nous expliquer pourquoi ce titre, est-ce que les titres sur cette mixtape sont peut-être comme des pages de ton journal intime ?
Oui, c’était pour faire référence un peu à la télé réalité et au coté observation de la vie de quelqu’un, comme si l’auditeur avait un œil sur mes pensées, avait directement accès à mes secrets entre guillemets. Dans le texte, il y a un peu de storytelling donc c’est basé sur ce que je ressens, sur mes émotions, sur des anecdotes, sur des envies mais c’est toujours un peu romancé. Du coup, je trouvais ça marrant de faire ce parallèle là avec la télé-réalité.

Alors, j’ai bien pris le temps d’écouter tous tes projets et j’ai pu constater une réelle évolution dans les sonorités. Avec un 1er projet qui est plus Neo Soul/ UK R&B et tes 2 derniers projets qui sont un peu plus pop avec beaucoup d’influences de la new wave du rap, tu pourrais nous parler de cette évolution ?
Mon 1er EP, j’ai commencé à bosser dessus en 2017-2018 donc il date un peu, même s’il est sorti en 2020. C’était vraiment le tout début. Quand j’ai commencé à écrire et à ce moment-là, j’avais énormément d’influences de la scène UK. Comme des artistes que l’on pouvait retrouver sur COLORS ou comme IAMDDB, Jorja Smith, Mahalia. Ensuite, j’ai bossé avec Raphael D’Hervez qui a vraiment apporté une petite touche un peu électronique sur certains sons. Le 2ème projet, je l’ai fait un peu plus tard et ça correspondait plus à ce que j’écoutais à ce moment-là tout simplement.
C’est pour cela que l’on a voulu explorer différentes influences musicales comme du Reggaeton, un peu plus de R&B sur certaines prod qu’on avait faite avec Skuna et récemment sur ce dernier projet ça correspond aussi aux sonorités que j’écoute et que j’avais envie de tester sur mon projet.

En parlant de rap, depuis « JOUR J » on peut t’entendre rapper sur certains de tes sons. Qu’est ce qui t’as inspiré ou bien poussé à vouloir expérimenter avec le rap sur ces sons-là ? C’est quelque chose que tu pratiquais peut-être avant ton 1er projet ?
C’est venu au fur et à mesure. Entre le 1er projet et le 2ème, j’ai toujours aimé ça mais je ne me sentais pas prête à l’exploiter et à l’explorer dans mes sons. C’est donc venu à force de tester des sons, je me suis dis « vas-y, je vais assumer que j’aime cette partie là dans la musique », j’ai donc testé et j’ai aimé du coup, j’ai voulu partager.
Alors pour ma part, je trouve ça tellement cool le fait de voir de plus en plus d’artistes féminines casser les codes et oser rapper et chanter en même temps, ne plus accepter d’être mise dans une case de soit t’es une rappeuse, soit une chanteuse, est ce que toi tu te reconnais dans ça ? Tu refuses de te mettre des barrières musicalement ?
Ouais carrément, il y’avait un peu de ça quand il a fallu présenter l’EP. Très vite, il faut se mettre dans une case « est ce que t’es rappeuse ? Est ce que t’es chanteuse ? » et je ne veux pas être mise dans une case mais je ne sentais pas non plus légitime de dire que j’étais rappeuse car je ne l’avais pas forcément fait auparavant et c’est assez récent mais c’est ce que j’aime donc ouais, il y a ce truc de ne pas vouloir être mise dans une case et aussi de se laisser le droit d’explorer. On aime la musique, on aime pas les cases…(rires). Donc oui je me reconnais dans ça.
T’as déjà eu des expériences comme ça dans l’industrie où on a voulu absolument te rentrer dans une case ?
En vrai, je pense qu’il y a toujours cette question là, quand tu commences la musique. En tout cas, moi il m’est arrivé de me poser la question « tu veux faire quoi comme style ? Quel public tu vises ? » donc moi j’étais un peu en mode « moi je veux faire de la musique, j’aime ça et ça » donc il y a toujours un peu cette question de codes à respecter.
Mais après je dirais que j’ai de la chance quand même car j’ai commencé la musique à une période justement où il y avait de plus en plus d’artistes féminines qui changeaient un peu les codes, qui exploraient d’autres sonorités donc je pense que les mentalités ont un peu évolué sur ça, même si c’est toujours présent, donc je dirais que pour l’instant, je n’ai pas été confronté à ça mais ce n’est que le début donc je croise les doigts pour que ça ne m’arrive jamais.
La durée des sons dans cette nouvelle mixtape est très courte, pas plus de 2 minutes, pourquoi avoir opté pour un format aussi court ?
A la base, cette mixtape, je l’ai travaillé, en me disant que je n’allais pas forcément la sortir sur les plateformes de streaming donc c’était vraiment pour un format plus pour les réseaux sociaux, du coup, j’ai vraiment bossé la mixtape en me disant « ok, je ne vais pas la sortir, ce sera que pour les réseaux » et comme sur les réseaux le format est assez court, on l’a donc fait dans cette optique là. Quand j’ai retravaillé sur cette mixtape, on a décidé de garder ce format là. C’était aussi dans le but de pouvoir explorer d’autres sonorités que je n’avais pas encore pu tester comme la Jersey, des influences un peu Plug…
La couleur rose est très présente dans tes visuels depuis « JOUR J« , on peut notamment le constater dans ton dernier clip pour « Vitesse » et sur la cover de ton nouveau projet « Secret Story of Jaïa« . Ça représente quoi pour toi cette couleur, pourquoi avoir voulu l’incorporer comme ça partout ?
Ça représente vraiment le côté « girly », un coté très féminin, avec des influences un peu « Y2K ». C’est ce qu’on voit beaucoup en ce moment. Mais c’est aussi une couleur que j’aime beaucoup depuis toute petite et en grandissant, je trouvais que cela faisait « pitié » d’aimer le rose donc aujourd’hui je trouve ça marrant de me réapproprier ce truc là, ce côté très girly que maintenant j’assume totalement.
Dans le son « Starlette« , tu dis « des strass et des paillettes, personne ne m’empêchera de rêver », est ce qu’il y’a eu des gens dans ton parcours, qui ont voulu te décourager, en te disant peut être que tu n’y arriveras jamais ?
Hmm … Moi, je ne viens pas forcément d’une famille de musicien et du coup se réveiller en disant « ok moi je veux faire de la danse, de la musique » ça n’a pas forcément été très bien vu dans ma famille. Même si on m’a toujours quand même soutenu, il y a un peu ce truc de « on a peur pour toi, on a peur que ça ne marche pas » parce qu’il y a beaucoup de monde donc il y a un peu cette idée que ça doit être une carrière qui doit être à coté, comme une passion, ce n’est pas vu comme quelque chose de sérieux.
On peut donc vite te faire ressentir que c’est juste un rêve et ça doit rester au stade de rêve ou de passion donc il m’a fallu un peu de courage pour assumer que j’avais vraiment envie de faire ça.
Sur le son « Ice« , tu joues beaucoup avec l’ego trip, tu pourrais nous parler de ce qui t’a inspiré pour créer ce morceau ?
Hmm… « Ice« , c’est effectivement un morceau totalement ego trip. Je l’avais déjà exploré un peu sur « FEU FOI FORCE » dans mon EP « JOUR J » et je trouve que c’est un peu la suite de ça. Je l’ai aussi écrit à un moment où j’étais un peu en transition, je n’avais pas encore sorti l’EP « JOUR J« , je voyais les projets des autres avancer autour de moi et j’était un peu dans un espèce de manque de confiance en mode « il se passe des choses pour les autres alors que moi ça fait longtemps que je n’ai pas sorti de projet » et c’est un peu de là que provient le coté compétition, ego trip où je voulais écrire un son de motivation avec cette compétition un peu assumée.
« SOS » est un titre intéressant, on peut t’entendre dire « dis moi quel est le remède contre les idées noires, j’ai dit j’aime pas les gens, j’ai juré, j’ai ces traces de mascara sur clavier » « que mon nom au bout des lèvres, ces bitches ont trop la bouche ». On a l’impression que tu fais référence à des commentaires de « haters » sur les réseaux sociaux qui t’ont vraiment blessé, tu pourrais nous parler un peu de l’histoire derrière ces lyrics ?
Alors c’est vrai qu’il y a quelque chose de très imagé dans les lyrics mais au delà des « haters virtuels » car en vrai je n’en ai pas, je ne suis pas encore une « insta girl », ni une influenceuse (rires)… Pour l’instant, j’ai la chance d’avoir des commentaires hyper bienveillants donc c’est très cool.
Cela fait plus référence à une histoire qui m’est arrivée en vrai. Quand tu commences à évoluer dans un milieu, quelque soit le milieu, mais en tout cas dans le milieu artistique pour parler de mon histoire, il y’avait vraiment ce truc de compétition un peu féminine quand je suis arrivé à Paris. Cela a été assez dur personnellement de voir ça donc c’est quelque chose qui m’a beaucoup touché.
Des amitiés qui ne fonctionnent pas. Quand tu fais des choix de vie, il y a des gens qui ne comprennent pas forcément ces choix et s’éloignent, ça fait partie de la vie mais à la période où j’ai écrit ce son, ça m’avait beaucoup touché donc ça fait référence à ça. Après le côté « mascara », « clavier », c’est assez imagé pour donner un côté « girly » au son car j’aime beaucoup donner des images quand j’écris.
Il y’a aussi ce truc de quand tu regardes ton téléphone et tu tombes sur des profils de gens qui t’ont fait du mal (rires)… ça me faisait penser à ça donc je l’ai retranscrit comme ça.
Quel est le titre qui te tient le plus à cœur sur ce projet et pourquoi ?
Je dirais que c’est « le jour« , c’est le dernier son de la mixtape et c’est un son qui m’a fait du bien car j’allais pas très bien quand j’ai écrit cette mixtape (rires)… du coup, j’ai écrit ce son qui te donne de l’espoir quand tu l’écoutes, ça fait du bien
C’est un peu une référence à « Jour J » ?
Ouais, totalement.

Enfin pour finir, si tu avais un album que tu aurais vraiment aimé avoir créé, ce serait lequel ? Pourquoi ?
Hmm… Un album ? Il y en a beaucoup mais je vais choisir l’album de Rosalia, « MOTOMAMI« . J’aime la façon dont il a été créé, les transitions, les pensées… j’aime beaucoup son univers artistique et il y a vraiment un truc 360 dans l’album que j’ai vraiment kiffé, ça a été un de mes coups de cœur de l’année dernière.
Vous pourrez retrouver Jaïa Rose sur scène le 8 mars à Bordeaux au Krakatoa et à la Boule Noire à Paris, le 2 mai.
« Secret story of Jaïa » est disponible sur toutes les plateformes de streaming.